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Trith-Saint-Léger – François Bultez publie son premier livre, sur le thème de la Première Guerre Mondiale

Pour la sortie de “Première Guerre Mondiale – Les grandes batailles terrestres du conflit”, nous avons interviewé son jeune auteur, François Bultez. Il nous explique les raisons qui l’ont poussé à écrire ce livre, de chez lui, à Trith-Saint-Léger.

“Je m’appelle François Bultez, je suis âgé de 22 ans et je suis actuellement en première année de master Images, Sons, Histoire(s) à l’université polytechnique des Hauts-de-France de Valenciennes. Mon parcours scolaire est assez atypique étant donné que j’avais à l’origine un profil scientifique en ayant fait un Bac Scientifique, puis un BTS Métiers de la Chimie au lycée de l’Escaut à Valenciennes, mais j’ai décidé de poursuivre mes études en me lançant dans une licence d’Histoire-Géographie à l’université de Valenciennes que j’ai obtenue l’année dernière.”

Pourquoi une telle reconversion ?

Depuis le collège, j’ai toujours aimé l’Histoire qui est pour moi une matière fascinante. Je me souviens de mes cours de 4e et surtout de 3e qui m’avaient relativement marqué lorsque notre professeur traitait les deux guerres mondiales ainsi que les régimes totalitaires durant l’entre-deux-guerres. Au lycée, j’allais souvent voir mes professeurs à la fin de l’heure pour parler de certains événements historiques majeurs, comme on peut parler à un ami d’un sujet qui nous intéresse. Ma passion pour l’Histoire s’est vraiment développée durant mon BTS de Chimie. Tout a démarré à la lecture d’un gros livre portant sur l’Histoire de France que ma grand-mère m’avait offert, ouvrage qui me semblait le plus approprié, car il était pour moi essentiel d’acquérir des connaissances générales avant de me lancer dans l’apprentissage de périodes plus précises.

Au fil de la lecture, j’étais subjugué de voir comment notre nation s’est construite progressivement et d’en apprendre davantage sur la vie des grands personnages qui ont apporté leur pierre à l’édifice. Chaque événement m’intéressait et je voulais à tout prix retenir toutes les dates pour enrichir ma culture personnelle et, en quelque sorte, épater mes amis. Puis, en regardant des vidéos sur YouTube et les cérémonies du centenaire, je me suis découvert une passion farouche pour la Première Guerre mondiale. Il faut savoir que je suis un grand amoureux de l’Histoire militaire, à savoir de tout ce qui a trait à l’étude des batailles, peu importe la période durant laquelle elles ont éclaté. Cependant, trois éléments expliquent la raison pour laquelle j’ai décidé de porter un intérêt particulier pour la Première Guerre mondiale.

Tout d’abord, ce conflit a marqué dans sa chair notre pays qui fut le principal théâtre des opérations durant quatre longues années et qui subit les pertes les plus importantes proportionnellement à sa population. La plupart des familles de France ont un ancêtre qui a combattu en 14-18. Je ne dis pas cela par chauvinisme, mais notre pays a joué un rôle majeur dans cette guerre et fut le principal artisan de la victoire sur l’Allemagne en ayant fourni un effort humain et matériel colossal et en ayant remporté les batailles les plus importantes. La France est donc le pays de la Grande Guerre par excellence et même le modèle de référence pour les autres pays du monde à l’évocation de cette période. Ensuite, contrairement à la Seconde Guerre mondiale, le premier conflit mondial est composé d’une multitude de fronts en Europe souvent méconnus, mais très intéressants tels le front de l’Est, le front des Balkans ou encore le front italien. Quand j’ai commencé à étudier cette période, j’étais étonné de voir que des pays comme la Serbie et la Roumanie avaient apporté une contribution plus qu’honorable aux Alliés et tenu tête quelque temps aux principales puissances du camp adverse.

Qui connaît par exemple la bataille de Marasesti de l’été 1917 qui a vu l’armée roumaine infliger une défaite cuisante à l’armée allemande dans la région de Moldavie ? Enfin, la Grande Guerre exerce sur moi une fascination du fait de sa complexité.

Le paradoxe se trouve dans le fait que cette période a été étudiée de fond en comble et, pourtant, elle est assez mal comprise du grand public étant donné qu’elle croule sous les images d’Épinal et est victime d’une historiographie biaisée. En effet, il existe en France un profond décalage entre la perception que l’on a de cette guerre et la réalité.

Pour en revenir aux clichés récurrents, les soldats ne sont jamais partis la fleur au fusil, de même qu’ils ne sont pas montés en première ligne pour prendre leur revanche de 1870 ou récupérer l’Alsace-Lorraine qui devenait une obsession. Cette vision est fausse, du moins à nuancer. Pensez-vous vraiment que vos ancêtres étaient plein d’enthousiasme à l’idée de quitter leur famille pour aller recevoir des obus sur la figure après 44 années de paix continentale ?

Pour ce qui est du militaire, on peut aussi citer la bataille de Verdun, totalement inutile, qui était en réalité une bataille politique. La perte de Verdun n’aurait jamais signé la défaite de la France, car son abandon aurait permis aux Français de se rétablir derrière la Meuse sur de meilleures positions défensives, mais pour des raisons politiques et morales liées surtout à la peur d’une chute du gouvernement, les hommes politiques ont ordonné aux militaires de défendre à outrance la citadelle lorraine dès les premiers jours de l’offensive allemande. Comme quoi, les hommes politiques ont aussi leur part de responsabilité dans les hécatombes de cette guerre.

Dans leur esprit, il s’agissait surtout d’effacer l’humiliation de la défaite de 1870 en mettant en échec l’offensive allemande, et ce à n’importe quel prix. Résultat : plus de 300 000 hommes sont morts en s’accrochant à un bout de terrain dénué de toute portée stratégique. 

De quoi parle votre livre ?

Comme le sous-titre l’indique, mon livre décrit les grandes batailles terrestres de la Première Guerre mondiale, front par front, année par année, pour mieux comprendre son déroulement. Il s’agit donc d’un ouvrage général suivant une logique chronologique afin que le lecteur n’en perde pas le fil conducteur. La particularité de mon ouvrage est de mettre en lumière les différents fronts européens qui, à part celui de l’Ouest, sont souvent méconnus alors qu’ils furent tout aussi décisifs. Il ne faut pas oublier que l’Allemagne, à l’instar de la France, disposait d’alliés et que c’est la défaite de ses alliés sur les autres théâtres d’opérations qui a accéléré la fin de cette guerre que les militaires prévoyaient pour le printemps 1919.

Pourquoi l’avoir écrit ?

Depuis quelques années, ma passion pour l’Histoire m’avait poussé à écrire des petits dossiers sur WORD sur des périodes historiques comme la Révolution française ou le Second Empire. Ces dossiers décrivaient simplement les événements ayant eu lieu à telle date. En mars 2020, lors du premier confinement, j’avais décidé de présenter un dossier sur la Première Guerre mondiale à l’un de mes professeurs de l’université pour avoir son avis. Séduit, ce dernier m’avait félicité pour le travail accompli et m’avait laissé entrevoir l’hypothèse d’une publication d’un ouvrage. À partir de cet instant, ma motivation a été portée à son paroxysme et j’ai décidé de mettre à contribution le temps du premier confinement (merci le COVI) pour commencer l’écriture de mon livre. Après bientôt 2 ans de travail, mon projet s’est concrétisé et je suis vraiment très heureux que mon livre ait été publié aux Presses Universitaires Rhin et Danube dans la collection Histoire.” 

Quelque chose à ajouter ?

Lorsque mon livre a été publié la semaine dernière, cela a été pour moi une grande fierté, car c’était l’aboutissement d’un projet qui m’avait demandé un travail considérable. Je ne pensais pas qu’un tel projet allait susciter pareil engouement auprès des personnes qui me connaissent. J’ai reçu beaucoup de messages de personnes qui me disaient à quel point j’étais intelligent et qui me témoignaient tout leur respect. Or, j’ai envie de dire à toutes ces personnes qui m’ont énormément touché que ce n’est pas parce que j’ai écrit un livre que je suis forcément plus intelligent qu’elles. Chacun dispose de son domaine de prédilection. Le plus important dans la vie est de croire en soi et de ne rien lâcher. La persévérance et la détermination sont les clefs de la réussite. N’importe qui peut soulever des montagnes en tenant ces deux clefs dans ses mains. Je le répète, ce livre a été écrit par passion et cette passion a été pour moi une incroyable source d’énergie.

Je tiens à remercier tous mes proches qui m’ont soutenu et pour qui j’ai pu être parfois un véritable fardeau. Je ne dirai pas mes amis car je n’ai parlé à personne de l’écriture de ce livre pour que la surprise soit au rendez-vous. Je suis également très fier de représenter ma commune, à savoir Trith-Saint-Léger, et c’est pourquoi je remercie tous les Trithois dont les commentaires me sont allés droit au cœur. Enfin, je tiens à remercier monsieur Ludovic Laloux, excellent professeur d’Histoire moderne à l’université de Valenciennes qui m’a soutenu depuis le début et sans qui un tel projet n’aurait pu aboutir. Si vous voyez cet article, sachez que je vous en suis infiniment reconnaissant. 

La Première Guerre mondiale — Les grandes batailles terrestres du conflit
Presses universitaires Rhin & Danube , 24

Florian Bigotte

Responsable de Scaldis.fr

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