Hainaut

Bruay-sur-l’Escaut – Stéphane est parti chercher sa compagne en Ukraine, ce week-end

Stéphane a pris courageusement la décision d’aller chercher sa compagne Daria, en Ukraine, ce week-end. Un périple qui se termine au final plutôt bien, malgré la peur et les imprévus. Stéphane nous raconte…

Leur rencontre

J’ai rencontré Daria sur internet en fin d’année 2020 et par la suite, par échanges et vu notre entente, nous avons décidé de nous lancer dans une relation amoureuse. Malgré des premiers mois compliqués en raison de la Covid qui ne nous ont pas permis de nous rencontrer dans la réalité lors de nos premiers mois en couple, nous avons été patients.

Daria est en dernière année d’études de médecine, ses disponibilités étaient compliquées, entre les examens et révisions notamment. Nous avons profité de ce temps pour véritablement se connaître et l’été dernier nous nous sommes enfin rencontrés quelques jours avant mon anniversaire. Cette expérience s’étant bien passée, nous avons décidé de passer les fêtes de fin d’année ensemble et avons passé plusieurs semaines en France.

La menace se précise

La distance a vraiment été difficile à retrouver mais au-delà de ça, le pire était à venir. Depuis maintenant plusieurs semaines, la menace couvait sur l’Ukraine, et la peur de la guerre s’est accrue. Peur principalement que les réseaux de communication soient coupés, et que nous ne puissions plus nous donner de nouvelles.

Jeudi (24 février), lors du début des bombardements, j’ai reçu un message vocal de sa part m’indiquant que la guerre commençait et que celle-ci touchait tout le territoire et non pas seulement l’Est comme on le supposait. Je voulais qu’elle quitte son pays le plus vite possible, peu importe le moyen. Je lui avais dit que peu importe où, j’irai la chercher. Fort heureusement sa ville étudiante (Tchernivtsi) était plutôt épargnée mais des troupes se rapprochaient aux dernières nouvelles. N’étant pas véhiculée, elle ne savait pas trop comment partir de là. Elle trouvait des covoiturages qui, successivement jusqu’à Berlin ou en Roumanie ont été annulés à la dernière minute.

Prise de décision

La nuit de jeudi à vendredi a été terrible pour elle, pas de solution pour partir, les sirènes qui retentissent, il fallait trouver une solution. Elle a eu une information indiquant que les gares autoroutières étaient toujours actives vendredi matin. Elle est partie avec le maximum d’affaires dans sa valise et s’est rendue à une gare de bus de Tchernivtsi où elle a pu acheter un ticket pour Wrocław en Pologne. Suite à cette information, j’ai convaincu mon ami Baptiste de m’accompagner et à peine 2 heures après nous prenions la route de la Pologne en voiture à Wrocław où elle devait arriver à 8h00 samedi matin.

Un long trajet

Environ 1200 kilomètres plus tard et plus de 12 heures de trajet, me voici à Wrocław et après 3 refus d’hôtels, nous en trouvons enfin un, en plein centre. Concernant Daria, elle est bloquée à la frontière polonaise depuis 22h30. Il est 04h30, pas possible de dormir car je n’ai pas de nouvelle de son passage de la frontière, nous échangeons quelques messages mais son bus ne bouge pas d’un centimètre.

Vers 8h30, elle m’appelle pour m’annoncer qu’elle est incapable de savoir quand elle pourra être en Pologne car beaucoup de monde est en attente, certains sont là depuis 20 heures. Elle m’explique que si elle passe à pied, elle pourra traverser plus rapidement. Très vite, je prends la décision d’aller la récupérer à la frontière ukrainienne et de faire les 580 kilomètres restant jusqu’à elle.

Malgré une grosse frayeur au niveau de l’essence – une pénurie de carburant touchant l’est de la Pologne – et avec beaucoup de chance, nous arrivons à destination. Des voitures de partout, énormément de personnes, des gens de différents pays sont là. Il y a aussi la police, les secours, on se demande vraiment où nous sommes, j’avais l’impression d’être dans un film catastrophe.

Son téléphone ne répond plus, un numéro polonais m’appelle et un homme se trouve avec elle et l’aide à me retrouver. Nous échangeons ces 2 photos pour nous situer, après quelques minutes, je l’aperçois au loin et enfin le calvaire va se terminer. Nous nous prenons dans les bras, l’émotion est là, après quelques instants, nous prenons ses affaires pour la soulager et rejoignons la voiture afin de rentrer à Wrocław, pour nous reposer, vers 22h30.

Le stress retombe et nous profitons d’un peu de repos avant de reprendre la direction de la France. Le retour fut compliqué, la fatigue des derniers jours se fait sentir, surtout en étant le seul en possession du permis et donc seul conducteur.

Le retour en France, à Bruay-sur-l’Escaut

Malgré cela, l’envie d’en finir avec la route est plus forte et nous sommes de retour dans la nuit de dimanche à lundi à Bruay-sur-l’Escaut après plus de 3600 kilomètres parcourus mais l’esprit plus léger et surtout la satisfaction de la savoir en sécurité. Pour le moment, nous avons des nouvelles de sa famille et ils vont bien, nous espérons que cela continuera ainsi.

Pour elle, je suis dans l’attente des annonces gouvernementales concernant l’accueil et la prolongation des titres de séjours qui devraient arriver d’ici peu.

Florian Bigotte

Responsable de Scaldis.fr

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page