Hainaut

Basket ( Pro B ) : Yohan Senez assume un « électrochoc nécessaire » à Denain Voltaire

Ali Bouziane, nouveau coach des Dragons, venu saluer le public après la victoire face à Évreux.

Après une période interne et sportivement compliquée, nous sommes allés à la rencontre du patron de Voltaire, qui comme à son habitude répond franchement et sans langue de bois. 

Scaldis : Denain Voltaire donne le sentiment de sortir d’une spirale compliquée. Pouvez-vous revenir sur cette période ?

Yohan Senez : Par tempérament je préfère regarder devant moi que derrière mais oui pour vous répondre franchement il y a eu une période compliquée qui s’est particulièrement manifestée lors des défaites piteuses face à Lille et face à Angers, par des difficultés de management et au sentiment de voir les choses nous échapper. Il fallait donc réagir. 

Scaldis : Comment vit-on ces moments là lorsque l’on est comme vous un président très investi ?

Évidemment pas bien. Là où j’ai été le plus mal c’est en constatant le gouffre entre notre niveau de jeu et la ferveur du peuple du basket denaisien qui elle n’a jamais faibli. Je pense aux 100 supporters denaisiens qui ont vécu cette humiliation dans les gradins de Saint-Sauveur à Lille. Mais comme le disait ma grand mère « on ne pleure pas sur le lait renversé ». Donc quand on dirige il faut prendre les décisions qui s’imposent au bon moment sans avoir la main qui tremble. 

Scaldis : C’est ce que vous avez appelé la « stratégie de électrochoc » ?

Oui il fallait un électrochoc sportif et dans la conduite de l’équipe. Restait à le mettre en œuvre avec efficacité, rapidité et agilité dans la dernière ligne droite de la saison. Cette stratégie doit beaucoup à Mehdi Chalah, notre GM, qui a été très actif à mes côtés dans la prise des décisions et dans leur application. 

Scaldis : Cette stratégie passait par un changement de coach ? Alors que Rémy Valin et vous étiez très soudés ?

Je ne renie rien de la considération profonde et du respect que j’éprouve envers Rémy qui reste pour moi un des coachs les plus capés de la Pro B. Nous avons vécu ensemble des moments que je n’oublierai jamais. Cette saison a semblé lui échapper et j’en prends ma responsabilité car je valide l’ensemble des choix sportifs. Ensuite il y a la vie du vestiaire, le quotidien, les relations inter personnelles, dans lesquelles je ne m’immisce pas. 

Scaldis : Y a t-il un effet « Ali Bouziane » qui arrive d’Angers pour prendre les commandes de l’équipe des Dragons ?

Il est tôt pour le dire mais incontestablement son arrivée a donné un nouveau souffle et permis une reconcentration de l’équipe sur ses fondamentaux et sur ses objectifs. Les victoires contre Fos et Évreux en témoignent. Le plus dur reste à faire mais j’ai la conviction d’avoir fait le bon choix.

Pouvez vous nous dire quelques mots sur le drame qui a endeuillé votre dernier match à domicile, avec le décès brutal d’une jeune supportrice du SQBB venue soutenir Voltaire ?

Cela a été une soirée terrible pour celles et ceux qui l’ont vécue comme acteurs de ce drame. Je veux saluer le jeune collaborateur du club qui a eu la présence d’esprit d’utiliser le défibrillateur et la bénévole, infirmière de  formation, qui a pratiqué les premiers gestes de secours avant l’arrivée du médecin urgentiste et du SMUR. Tout a été fait pour tenter de la ramener à la vie, en vain. Anne-Lise Dufour, Maire de Denain, et moi, avons passé un long moment pour accompagner la famille dans un moment où les mots ne signifient pas grand chose.  

Scaldis : que répondez-vous à ceux qui disent qu’il aurait fallu reporter la rencontre ?

Je distingue l’émotion légitime de fans de basket qui ont pris connaissance de ce drame sans en connaître le déroulement, des journalistes de caniveau qui ont cru utile de créer une polémique bien glauque. Toutes les décisions ont été prises en lien avec le commissaire de la LNB dont je veux saluer le sang froid et l’humanité, ainsi qu’avec les présidents des deux clubs compétiteurs. Reporter la rencontre ? À quand au lendemain ? À la semaine suivante ? Est-ce que cela aurait été « rendre hommage » à Audrey comme j’ai pu le lire ? Ce que je peux dire moi c’est que tout a été fait dans des conditions terribles pour essayer de sauver Audrey, d’éviter tout voyeurisme, d’isoler et de protéger la famille. Un hommage a été rendu sur le parquet de Denain le soir même et le lendemain sur celui du SQBB, en présence du GM de Voltaire, Mehdi Chalah, et du Président de la LNB, Philippe Ausseur. Je ne suis pas prêt d’oublier les derniers mots prononcés par la famille : « ce soir il faut gagner pour Audrey ». 

Scaldis : il reste trois matchs à jouer, comment abordez vous cette séquence, même si les victoires contre Fos et Évreux vont ont donné du souffle en cette fin de championnant. 

L’objectif est de gagner les trois. Avec un coach hyper mobilisé et une équipe qui retrouve son état d’esprit de début de saison, avec l’esprit de la gagne et de la combativité. 

Scaldis : une fois la saison finie, il y aura des leçons à en tirer ?

Bien sûr. Quand vous visez le Top 8 et la Leaders Cup pour finir par jouer le maintien – bien que nous n’ayons jamais été dans la zone de relégation, n’en déplaise à certains – alors que le public ne nous a jamais lâché et que la salle n’a jamais été aussi remplie, on ne peut pas se dire : on continue comme avant. Il y aura donc un brainstorming de l’équipe de direction pour penser et faire les choses différemment, pour être au niveau des attentes qui sont placées en nous. 

Scaldis : un dernier mot sur les réseaux sociaux, sur lesquels vous avez souvent la dent dure. 

J’ai bien compris que quand on gagnait nous étions les meilleurs et que quand on perdait nous étions les plus nuls ( sourire ). Rajoutez à ça quelques rageurs anonymes ou quelques politiciens ratés qui confondent tout, cela permet bien des outrances. A titre personnel je suis à portée d’engueulade, j’échange et je discute avec beaucoup de vrais supporters qui eux sont la « dans le malheur comme dans la gloire ». Pour le reste, sincèrement, je n’y accorde aucun intérêt. Le grand écrivain Umbero Eco écrivait : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui avant ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. »

Florian Bigotte

Responsable de Scaldis.fr

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