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Si on chantait, le film du Quiévrechinois Fabrice Maruca, en avant première ce dimanche à Valenciennes, sortie nationale le 3 novembre

Si on chantait, le premier long-métrage du réalisateur Fabrice Maruca, originaire de Quiévrechain, sort en salle le 3 novembre. Après avoir été présenté au Festival 2 Cinéma de Valenciennes le 24 septembre, le Gaumont Valenciennes a programmé une avant-première ce dimanche 31 octobre à 18h15.

Synopsis

Quiévrechain, ville industrielle du nord de la France. Après la fermeture de leur usine, Franck, passionné de variété française décide d’entraîner ses anciens collègues, Sophie (dont il est secrètement amoureux), José (qui chante comme une casserole), et Jean-Claude (ancien cadre un peu trop fier) dans un projet un peu fou : monter une entreprise de livraisons de chansons à domicile, SI ON CHANTAIT ! Départs en retraite, anniversaires ; à force de débrouille, ils commencent à avoir de plus en plus de demandes. Mais entre chansons, tensions et problèmes de livraisons, les fausses notes vont être dures à éviter !

Entretien avec Fabrice Maruca

Fabrice Maruca

« Si on chantait » est votre 1er long-métrage mais vous avez déjà à votre actif de nombreux programmes pour le petit écran, notamment « La Minute vieille » sur Arte… Par quel chemin êtes-vous arrivé à ce film ?

Comme bon nombre de réalisateurs, je suis d’abord passé par le court-métrage puis, en effet, j’ai eu la chance de tourner pour la télévision « La Minute vieille » mais également une autre série « A Musée Vous A Musée Moi », ou encore des clips ou des pubs… « Si on chantait » est un projet que je porte en moi depuis une dizaine d’années…

J’ai longtemps cherché un sujet de scénario qui me permette d’aborder ce milieu ouvrier d’où je viens et plus particulièrement celui des petites villes comme Quiévrechain dans le Nord, là où j’ai grandi et là où j’ai tourné le film… J’ajoute que j’adore la chanson de variété : c’est ma vie !

Quand j’étais petit, j’écoutais tous les dimanches sur Radio Aunelle, la radio de Quiévrechain, une émission où on pouvait dédicacer des chansons à un proche. C’est peut-être ça qui m’a donné l’idée de ce film. Mais, en fait, cela existe un peu partout maintenant. Un phénomène qui s’est encore amplifié durant le confinement, d’ailleurs…

On comprend que ce sujet vous tient à cœur et que vous avez absolument voulu tourner votre film là où vous avez vécu étant jeune…

Oui, dans cette petite commune de Quiévrechain, dont le nom apparaît pour la petite histoire au début de « Cheval de guerre » de Steven Spielberg : bon, la scène a été filmée en Irlande !
Mon père travaillait en usine, malheureusement lui comme ma mère ne sont plus là, et je tenais vraiment à aborder mes origines qui sont assez rares dans ce milieu du cinéma… On le montre évidemment dans des drames sociaux à travers le chômage, les fermetures d’usines, etc. mais mon but était de faire une comédie sociale.

Et oui, nous avons tourné dans cette commune de Quiévrechain qui est aujourd’hui plutôt sinistrée : l’usine que l’on voit à l’écran est en fait à l’arrêt depuis une vingtaine d’années. Je suis né en 1973 et durant la décennie suivante, j’ai malheureusement connu le rythme compliqué des fermetures de sites à répétition…

Ce qui est intéressant comme vous le disiez, c’est que « Si on chantait » est avant tout une comédie mais riche de plusieurs styles : romantique, musicale et donc sociale…

Vous savez, je revendique totalement une inspiration, (en toute humilité), à la fois façon Ken Loach mais également « Bienvenue chez les Ch’Tis » ! J’ai d’ailleurs les mêmes coscénariste et chef opérateur que Dany Boon, à savoir Alexandre Charlot et Pierre Aïm… Donc oui, je souhaitais montrer moi aussi que l’on peut se marrer dans le Nord et la ville est un des personnages de mon film. Je la trouve belle, chaleureuse avec ses briques rouges. Il y a un côté « The Full Monty », autre référence au passage… Mon chef décorateur Bertrand Seitz a totalement compris ce que je souhaitais faire.

Etes-vous allé jusqu’à associer les habitants de Quiévrechain à votre tournage, dans la figuration par exemple ?

Absolument, il y a des dizaines d’habitants dans le film et même certains de mes amis d’enfance… La maison d’Artus dans l’histoire est celle de mon prof d’université, celle où Alice Pol vient chanter « Je t’aime » appartient à un de mes meilleurs copains qui est aujourd’hui médecin et qui a d’ailleurs été celui du tournage ! En fait, quand j’ai écrit ce scénario, je savais à peu près où chaque scène allait se dérouler : j’ai rarement eu à chercher mes décors… C’est une vraie chance !

Arrêtons-nous sur le volet très social de votre film, qui en est le point de départ et que l’on croise régulièrement dans l’actualité avec cette question : que deviennent ces ouvriers et employés licenciés, obligés de se trouver un autre travail, parfois totalement différent ?

J’ai vu mon père connaître cela en changeant plusieurs fois d’usine avec ce sentiment de quitter une famille… Je me souviens des arbres de Noël avec les autres gamins du personnel : nous formions vraiment un groupe de proches, bien au-delà du simple boulot des parents à la chaîne ou à l’atelier… Cela n’existe plus : on change maintenant souvent plusieurs fois d’employeur dans une vie de salarié. Dans mon film, l’amitié qui va se créer entre Franck, Sophie, José et les autres vient aussi du fait que tous ont partagé la même galère lors de la fermeture de leur usine : ça les a rapprochés… Cela conduit souvent à une vraie précarité, ce que je montre avec le personnage de Franck, obligé de travailler à vélo pour Uber Eats. C’est d’ailleurs devenu une expression courante : « l’uberisation de la société » …

Parlons de votre cast justement. Avant de détailler vos comédiennes et comédiens principaux, les avez-vous choisis en fonction de leur capacité à chanter ?

Non, pas du tout ! Leurs personnages étant des chanteurs amateurs, nous sommes partis du principe qu’eux aussi devaient l’être… Je veux saluer le travail essentiel de Matthieu Gonet et Edouard Thiébaut qui ont su merveilleusement les coacher. Alors nous avons parfois eu des surprises : Artus par exemple chante vraiment juste et il a au contraire fallu le rendre un peu moins juste dans le film, en tout cas au début ! Pour tout vous dire, nous avions enregistré les chansons du film en studio quelques semaines avant le début du tournage au cas où il y aurait un souci sur le plateau…Mais globalement, nous avons quasiment tout fait en live, sauf par exemple la scène où Franck est à vélo sous la pluie en chantant « Les sunlights des tropiques » car le son des effets et du plateau (pluie, machinerie etc.) couvrait sa voix…

De quelle manière avez-vous choisi les titres des chansons interprétées par vos comédiens dans le film ?

Il y avait des chansons que j’aime comme « Les Sunlights des tropiques », « Savoir aimer » ou « Si on chantait » qui apparaissent de manière fortuite dans le film et puis il y avait celles qui servent le récit. C’est le cas de « Je t’aime » qu’Alice Pol interprète à un moment clef ou « Je suis venu te dire que je m’en vais » par Clovis … J’ai travaillé avec un superviseur musical, Jérôme Lateur, et nous avons essayé d’être assez éclectiques pour couvrir un répertoire des années 70 à nos jours mais au final, je remarque que la plupart des chansons concernent les 70’s et les 80’s, les années de ma jeunesse ! Nous avons ajouté Angèle ou Maître Gims pour être aussi un peu actuels… Et la performance de Chantal sur « Femme like U » de K Maro !

Sans trop dévoiler de l’intrigue du film, il y a à la fin une scène importante qui se déroule dans un stade bondé, à la mi-temps d’un match de football entre Lens et Valenciennes… De quelle manière avez-vous procédé en ces temps de contraintes sanitaires ?

Tout « simplement » : nous avons tourné avec les 5 acteurs sur la pelouse dans le stade vide et nous avons rajouté les spectateurs numériquement… Pour les gros plans de supporters, nous avons filmé une centaine de figurants. Honnêtement, au début, j’avais des doutes… Nous avons filmé ces scènes durant 2 nuits en août 2020 avec l’aide d’un superviseur technique qui me disait ce qu’il serait possible, (ou pas), de faire techniquement… Lorsque je tournais caméra à l’épaule, je lui demandais « tu es sûr ? » et il me répondait toujours « oui » ! Au final là aussi, je trouve que le résultat est vraiment bluffant avec ce stade plein… Alain Carsoux et ses équipes de CGEV, responsables des VFX, ont fait un super boulot.

Avec
Alice POL
Artus
Clovis CORNILLAC
Chantal NEUWIRTH
Annie GREGORIO
Frédéric GORNY
Patrick BONNEL
Agnès MIGURAS
Sébastien CHASSAGNE
Stéphane PEZERAT
Nicolas MARTINEZ
Olivier BAYART
Nicolas BERNO
Catherine ZAVLAV
Marc RISO
Marion MEZADORIAN

Florian Bigotte

Responsable de Scaldis.fr

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