Alors que les vacances sont belles et bien terminées pour son Club et pour ses troupes, nous sommes allés à la rencontre de Yohan Senez, le patron de Denain Voltaire, pour faire le point sur cette nouvelle saison qui montre le bout de son nez. État d’esprit, nouveau coach, obstacles, objectifs et ambitions, le Président denaisien nous parle comme toujours en toute franchise.
Scaldis : l’intersaison comme les vacances ont été de courte durée on dirait ?
Yohan Senez : “La vie d’un club professionnel ne s’arrête vraiment jamais. Alain Place m’avait bien prévenu ! On a un peu soufflé après Évreux et le maintien ( c’est à dire le 6 mai dernier, soit le dernier jour du championnat ndlr ) et puis après ça repart avec toute la phase de recrutement, du nouveau coach d’abord, François Sence, puis de la nouvelle équipe, le contact aux agents, la définition du budget…
C’est aussi une période dans laquelle j’aime bien que l’on se pose un peu pour faire le point, le tri entre les plus et les moins, se poser sur la stratégie à définir, sur les changements à effectuer. Churchill disait « Pour s’améliorer, il faut changer. Donc, pour être parfait, il faut avoir changé souvent. » Alors sans viser la perfection pour autant, mais on ne s’interdit aucune remise en cause et aucune évolution”.
Justement, comment abordez vous la nouvelle saison ?
“Serein et déterminé. Cela a bien matché tout de suite entre François Sence et Mehdi Chalah ( GM de l’équipe pro ndlr ) pendant toute la phase de recrutement. C’est important l’arrivée d’un nouveau coach dans un Club : nouvelles méthodes, regard forcément différent, mais dans le même temps dans un Club qu’il connaît mais qui a évolué … il faut laisser tout cela se mettre en place avec professionnalisme et ensuite on va très vite regarder la seule vérité qui vaille : celle du terrain. Les gars sont arrivés ce week-end à Denain, ils connaissent la feuille de route, je les ai trouvé concentrés et impatients de retrouver le parquet”.
Vous nous avez dit que 2021/2022 avait été votre plus dure saison. Quels sont les objectifs pour 2022/2023 ?
“Oui c’est vrai que la dernière saison a été rude. Pas que pour Denain d’ailleurs. Nous sommes une demi douzaine de clubs à avoir lutté jusqu’au bout pour le maintien. Jusqu’au dernier match. Quand on y repense c’est fou, c’est une première ! Et ça en dit beaucoup sur une ProB beaucoup plus intense et resserrée.
Pour la saison à venir disons que je veux davantage entendre parler des playoffs que du maintien. Cela implique d’entrer tout de suite et très solidement dans le championnat pour se détacher très vite.
Et que nos Dragons soient fiers de porter les couleurs de Voltaire et donc qu’ils nous rendent fiers : j’ai en cela quelques mauvais souvenirs de la dernière saison où les gars avaient abdiqué la victoire en entrant sur le parquet. Cela je ne le supporte pas : c’est une insulte à notre histoire et à notre public. Heureusement les gars se sont repris à temps et Rémy ( Valin ancien coach ndlr ) a su solidement inverser la tendance”.
Et la Leaders Cup ?
“La Leaders Cup sans finale à Disney, est-ce encore la Leaders Cup ? Je m’interroge. En l’état il n’y a pas d’accord financier entre la LNB et Disney qui a aussi souffert de la crise sanitaire. Mais bien évidemment depuis 2018 et notre victoire la LDC est dans le cœur du public denaisien et c’est un objectif que nous conservons”.
Une question qui va peut-être vous fâcher, mais pendant l’été, on a vu le basket être un peu critiqué sur les réseaux sociaux par des Clubs qui voudraient venir s’implanter sur Denain mais qui ne le peuvent pas et vous accusent de prendre toute la place. Qu’en pensez vous ?
( sourires ) “Bon déjà je vous rassure, il en faut beaucoup, mais alors beaucoup plus pour me fâcher. Je suis toujours scotché par la capacité de certains à étaler leur négativité sur les réseaux sociaux. Qu’ils aillent s’aérer un peu à la mer ça leur fera du bien. Et puis de ce que j’ai lu ça ne concerne qu’une discipline, il faut toujours faire le tri entre ceux qui parlent fort sur facebook et la réalité de ce qu’ils représentent.
Ensuite sur le fond, vous savez, j’étais jeune directeur de cabinet de Patrick Roy et Voltaire encore en N1 qu’on disait déjà « À Denain, c’est tout pour le basket ». C’est toujours un peu la même ritournelle : pour certains il faudrait qu’on arrive à remplir le Complexe les soirs de matchs, les gagner, performer, mais sans argent, sans créneaux d’entraînement et sans moyens. Gravir l’Everest en tongs quoi. Désolé, moi, ça, je ne sais pas faire : il faut assumer un rôle de vitrine et de locomotive pour le basket à Denain, comme pour le foot à Lens, et je rappelle que Denain c’est 20 000 habitants, nous ne sommes ni dans la Métropole Européenne de Lille ni dans celle de Rouen ou de Strasbourg.
Qui plus est, toujours sur le fond, c’est faire une mauvaise querelle à la Ville de dire que nous écrasons tout le reste. Regardez ces derniers mois ! Développement de la natation et du water-polo grâce à l’ouverture du centre aqualudique NaturéO, le Grand Prix de Denain, un gala de boxe thaï, le foot qui reprend enfin des couleurs, le futsall qui retrouve des ambitions, le départ du Paris-Roubaix féminin, à Denain on trouve aussi de la gym, des arts martiaux, de la musculation…et pardon pour ceux que j’oublie…tout cela en n’oubliant pas le chèque sport-culture avec lequel la Municipalité offre 30€ aux familles de Denain pour inscrire leurs enfants dans les Clubs de la Ville… après si certains ont une baguette magique pour pousser les murs qu’ils la donne à Anne-Lise Dufour ( Maire de Denain ndlr ) je suis sur qu’elle sera ravie de s’en servir”.
Et vous, quelques sont vos objectifs plus personnels ?
“Anne-Lise Dufour m’a fixé l’objectif d’une démocratisation et d’une féminisation de la découverte d’un basket loisir. On y a bossé tout l’été avec Mehdi Chalah. Je prends aussi davantage de responsabilités à la Ligue Nationale de Basket, c’est passionnant. Et je me suis engagé avec mon ami Youcef Drouiche, Président du Denain futsall, dans un beau projet de développement du Club, c’est un nouveau challenge qui me plaît bien et qu’on va mener ensemble. Professionnellement, j’ai la chance immense d’être au cœur de la reconversion industrielle et économique des Pierres Blanches, les anciennes friches d’Usinor…pour quelques uns à Denain c’est 15 ans de nos vies ce dossier.
On a un peu l’impression d’être au cœur de l’histoire qui s’écrit. C’est beaucoup de boulot mais c’est énorme de savoir que bientôt à Denain on ne parlera plus de friches mais d’emplois et de travail”.
