
Syran BEN SEDDIK, 24 ans, a pris en juin 2024 les rênes des séniors féminines A du Valenciennes Handball. Après cinq journées de championnat en Nationale 3, l’équipe occupe une étonnante 2ème place. Si les résultats sont positifs, l’entraîneur garde toutefois la tête froide et prône une approche mesurée, tout en soulignant la qualité de ses joueuses et la bonne dynamique au sein du groupe. Retour sur ce début de saison et sur la gestion d’un collectif très jeune et travailleur.
Syran, votre équipe est actuellement 2ème après cinq journées, avec quatre victoires et un match nul. Comment analysez-vous ce bon début de saison ?
Oui, le début de saison est encourageant avec des résultats positifs, mais je reste très prudent. On est encore loin de pouvoir parler de performance aboutie. Les filles ont fait preuve de sérieux et d’application, c’est indéniable. Elles ont très bien démarré, enchaînant les victoires, mais on a conscience que le calendrier a été plutôt favorable jusqu’à présent. Nos victoires ne sont pas à minimiser, mais je pense que nous allons bientôt affronter des équipes plus expérimentées, et c’est là que nous verrons vraiment où nous en sommes. Cela dit, je suis très satisfait de leur comportement. Elles sont extrêmement dures avec elles-mêmes. Même après une victoire, elles ne se reposent pas sur leurs lauriers, elles ressortent souvent des matchs frustrées par certains passages où elles estiment ne pas avoir donné le meilleur. C’est une attitude saine et qui témoigne d’une grande détermination. Elles savent qu’il nous manque encore de la constance, notamment sur 60 minutes, pour vraiment asphyxier l’adversaire et “tuer” les matchs quand nous avons l’avantage.
Malgré ces performances encourageantes, vous restez modéré quant aux ambitions de votre équipe. Pourquoi ?
Il est important de garder les pieds sur terre. Comme je l’ai déjà dit, notre début de calendrier a été plus favorable que celui d’autres équipes. Des équipes comme Wattrelos, Crépy en Valois, et même Corbie, sont des vraies candidates sérieuses à la montée. Wattrelos et Crépy en Valois, en particulier, sont des équipes très bien rodées, avec un effectif complet, et avec des entraîneurs expérimentés qui savent parfaitement comment gérer leur groupe. Elles ont l’habitude de viser les premières places et elles sont logiquement les grandes favorites à la montée. De notre côté, il est crucial de ne pas se comparer à elles, nous devons rester concentrés sur nous-mêmes et sur notre progression.
Corbie, avec qui vous avez fait match nul, fait aussi partie des équipes prétendantes ?
Oui, Corbie est une équipe solide qui a terminé 4ème la saison dernière. Elles sont dans la continuité de leur bon travail et restent une valeur sûre du championnat. Le nul contre elles a montré qu’on pouvait rivaliser sur 60 minutes, mais elles feront partie des équipes à surveiller jusqu’au bout. Notre performance contre elles prouve qu’on a le potentiel, mais il va falloir continuer à travailler si nous voulons confirmer sur la durée.
Vous n’êtes pas surpris de voir certaines équipes bien classées, comme Marcq, un promu actuellement 5ème ?
Pas du tout. Même si elles viennent de Prénationale, Marcq a un excellent effectif, malgré les blessures qui compliquent leur début de saison. Leur entraîneur, Yani, est un coach très compétent qui suit cette équipe depuis plusieurs années. Il connaît parfaitement son groupe, et ça se ressent dans leur progression. Je suis certain qu’elles vont continuer à monter en puissance au fil des matchs, et leur classement actuel est bien mérité.
D’autres équipes pourraient créer la surprise selon vous ?
Oui, je pense qu’il y a plusieurs équipes qui sont encore en rodage et qui vont rapidement s’affirmer. Prenez Biache, par exemple. Elles sont actuellement 6èmes, mais c’est un pilier du championnat, une équipe avec de l’expérience et une solidité reconnue. Elles ne tarderont pas à rejoindre le groupe de tête dans le top 5, j’en suis convaincu. Il en va de même pour Anzin, qui est pour l’instant 9ème, mais elles ont des joueuses cadres blessées. Quand elles retrouveront un effectif au complet, elles seront à mon sens une des 4 meilleures équipes du championnat. Il y a beaucoup d’équipes qui se cachent encore en ce début de saison, volontairement ou non.
Vous avez pris la tête d’une équipe qui a terminé 9ème la saison dernière. Quels changements avez-vous apportés pour expliquer cette progression ?
Je pense qu’au-delà des changements tactiques, c’est surtout l’état d’esprit du groupe qui a évolué. Les filles sont très travailleuses, elles ont une vraie envie de progresser ensemble. Le groupe est plus soudé, et je cherche à apporter un cadre rigoureux tout en leur donnant la liberté de s’exprimer sur le terrain. C’est un équilibre qui semble bien fonctionner par séquence pour l’instant. Nous prenons aussi beaucoup de plaisir à travailler ensemble, et je crois que ça se reflète bien dans la vie du groupe.Vous avez souvent mentionné la jeunesse de votre effectif. Comment cela influence-t-il la dynamique de l’équipe ?
Notre effectif est extrêmement jeune, probablement le plus jeune du championnat, et ça se ressent. Cela peut être une grande force, car ces jeunes joueuses apportent énormément d’énergie, de dynamisme et de volonté. Mais cela s’accompagne aussi d’un manque d’expérience. Elles sont encore en apprentissage, elles doivent apprendre à mieux gérer leurs efforts, à tuer un match quand elles en ont l’occasion, à ne pas se laisser distraire ou à relâcher leur concentration. C’est tout à fait normal à cet âge. L’avantage, c’est que cette jeunesse s’accompagne d’une grande capacité d’apprentissage. Elles sont prêtes à travailler dur, à écouter, à se remettre en question, et ça, c’est très prometteur pour la suite.
n tant que jeune entraîneur, comment gérez-vous ce groupe ? Quels sont les défis auxquels vous faites face ?
Je suis très exigeant avec elles, c’est vrai, mais c’est parce que je crois énormément en leur potentiel. Et en retour, je suis tout aussi exigeant avec moi-même. J’ai beaucoup de respect pour ce groupe et pour ce qu’elles apportent. Elles m’obligent à constamment me remettre en question, que ce soit dans mes choix tactiques ou dans la manière dont je les manage au quotidien. J’essaie de varier mon discours, d’adapter mon approche pour trouver ce qui les motive et ce qui leur permet de s’exprimer au mieux sur le terrain. C’est un véritable échange entre elles et moi. Elles m’apprennent autant que je leur apprends, et c’est ça qui rend cette expérience tellement enrichissante. En tant qu’entraîneur, c’est une opportunité incroyable d’avoir un groupe aussi réceptif, et je m’efforce de peaufiner mes méthodes pour que chacune puisse s’épanouir pleinement. Ce qui est vraiment formidable, c’est cette dynamique d’apprentissage réciproque. Je les pousse à se dépasser, mais elles m’obligent aussi à donner le meilleur de moi-même.

Vous avez débuté la saison avec des victoires face à des équipes récemment promues. Comment jugez-vous ces performances et ce début de calendrier ?
Le calendrier de début de saison nous a été favorable, c’est vrai. Nous avons affronté des équipes en reconstruction ou qui viennent de monter, comme Senlis. Ces victoires sont importantes pour la confiance, mais je garde en tête que les prochains matchs seront bien plus difficiles. Nous n’avons pas encore affronté les “ogres” du championnat, les équipes les plus fortes, comme Wattrelos ou Crépy en Valois, qui sont des machines bien rodées. Ce sont des équipes avec beaucoup d’expérience et des entraîneurs très compétents. Ces rencontres vont nous permettre de mieux évaluer notre réel niveau. Il est important de ne pas se laisser emporter par ces premiers résultats. La saison est longue, et nous devons garder les pieds sur terre. Notre objectif est de progresser match après match, sans nous précipiter ni nous enflammer. C’est cette constance dans l’effort qui nous permettra de rester compétitifs sur la durée.
À quoi peut-on s’attendre lors des trois prochaines journées, avec un derby à Anzin, la réception du leader invaincu Crépy en Valois, et un déplacement à Wattrelos, grand favori pour la montée ?
Les trois prochains matchs vont être un vrai test pour nous. Le derby contre Anzin, tout d’abord, est toujours un match particulier. Même si elles sont actuellement 9èmes, et même si elles ont des joueuses cadres actuellement blessées, c’est le genre de rencontre qui se joue souvent au mental et à l’expérience. C’est une équipe qui ne lâchera rien, surtout dans un derby chez eux.
Ensuite, recevoir Crépy en Valois, invaincu et leader du championnat, sera un défi immense. C’est une équipe solide, expérimentée, avec un coach qualifié. Ce match sera un bon indicateur de notre niveau de jeu réel. Enfin, Wattrelos, qui est un grand favori pour la montée, à l’extérieur, représente probablement le défi le plus difficile. Jouer chez elles, avec leur organisation et leur régularité, sera un véritable challenge pour nous.
Mais encore une fois, l’objectif est de progresser. Il ne s’agit pas de se focaliser uniquement sur le résultat, mais sur notre capacité à évoluer, à mieux gérer nos temps faibles et à maintenir un niveau de jeu constant tout au long du match. Chaque match est une opportunité d’apprentissage. Pour les 3 prochaines journées de championnat nous ne serons favoris pour aucune des rencontres, à nous de rester focus sur notre projet de jeu car nous ne jouerons avec aucune pression.
Quel est votre état d’esprit avant ces échéances importantes ?
Je veux que les filles gardent la même attitude. Elles doivent continuer à être exigeantes avec elles-mêmes, mais sans se mettre une pression excessive. Nous avons montré de belles choses jusqu’ici, mais ces prochains matchs nous offriront des défis totalement différents. L’important est de rester concentrés sur notre progression. Ce qui m’importe, ce n’est pas tant le classement actuel, mais notre capacité à rester compétitifs sur le long terme, à nous améliorer et à rester constants. Si nous continuons à travailler avec cette détermination et cette cohésion, je suis convaincu que nous pourrons faire de belles choses cette saison.
Votre début de saison impressionne, quel impact cela peut-il avoir sur la perception qu’ont vos adversaires de vous ?
Je pense que nos adversaires commencent à nous prendre au sérieux. Nos résultats font de nous un outsider potentiel, mais il est important de ne pas se laisser griser par cela. Nous avons encore beaucoup à prouver et surtout, nous devons rester humbles. Les équipes comme Wattrelos ou Crépy en Valois nous attendent de pied ferme, et elles savent que nous sommes jeunes, et perfectibles. À nous de continuer à travailler, sans jamais perdre de vue que chaque point sera difficile à obtenir. Je préfère que nous soyons perçus comme une équipe travailleuse et sérieuse, plutôt que comme une équipe en sur-régime.
Si vous deviez dire quelques mots à vos joueuses ?
Je tiens vraiment à les remercier. Leur engagement, leur sérieux et leur envie de progresser sont ce qui fait avancer l’équipe. C’est un plaisir de les entraîner, et je prends beaucoup de plaisir à travailler avec elles. Je suis convaincu qu’avec cet état d’esprit, nous irons encore plus loin, et j’espère qu’elles partagent également cette conviction.
Avec Syran BEN SEDDIK aux commandes, les séniors féminines du Valenciennes Handball abordent leur saison avec prudence et humilité. Fortes d’un bon début de championnat, elles savent que le chemin est encore long et que les prochains défis seront déterminants pour jauger leur véritable potentiel.