Frontière Franco-Belge – Le projet de parc éolien fait grandement réagir

La tension est palpable chez les élus et la population des communes frontalières du valenciennois, principalement à Rombies-et-Marchipont et Sebourg, car une société belge, Elawann, filiale d’un promoteur Espagnol, lui-même filiale d’un groupe financier Japonais, compte implanter un parc éolien de 11 mats (pour commencer !) de 180 mètres de haut accolés à la limite de la frontière franco-belge.

L’impact visuel pour des dizaines de milliers d’habitants des villages français et des villages de la commune des Honnelles en Belgique va être énorme. C’est d’autant plus inacceptable pour les opposants que ce parc viendrait se glisser entre la vallée de l’Aunelle, classée ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique qui comprends les communes de Bry, Jenlain, Eth, Rombies et Marchipont, Wargnies le Grand et Sebourg) et, côté Belge, la zone de 585 hectares « NATURA 2000 » du Parc Naturel des Hauts-Pays.

Sans compter la proximité de la réserve naturelle ornithologique des marais d’Archies, quand on sait les dégâts causés sur la faune ! (Jusque 18 oiseaux tués par an et par mât, dont 80% d’espèces protégées et 25% en voie de disparition, selon une étude LPO/Ministère de l’environnement/ADEME).

L’expérience montre que, systématiquement, dès les premières implantations, d’autres projets suivent automatiquement dans le prolongement des premières. C’est une porte ouverte à la multiplication des parcs.

Des effets sur la santé ont été également reconnus par la médecine et la justice, un promoteur éolien ayant été condamné à indemniser à hauteur de 130 000 € un couple qui s’est vu subir une implantation d’éoliennes à 700 mètres de chez eux. Ils ont dû déménager…

Beaucoup d’autres effets sont à déplorer, la baisse de valeur des biens immobiliers, la mise à mal de l’attraction touristique, l’effet « stroboscopique » au soleil levant ou couchant vers les habitations, les possibles pollutions de la nappe phréatique présente sous l’emplacement prévu, etc…

Concernant les propriétaires terriens appâtés par quelques revenus potentiels, il est important qu’ils sachent que les baux emphytéotiques se caractérisent par le fait qu’en fin de contrat, le bailleur devient propriétaire des améliorations et constructions que le locataire a faites pendant la durée du bail. Si l’exploitant éolien a obligation de faire un provisionnement pour un démantèlement en fin de contrat, la somme, en France, est quatre fois inférieure à celle exigée dans des länder allemands.

Si le dernier exploitant est insolvable ou de droit étranger, le propriétaire risque d’avoir à compenser la faiblesse de la provision pour le démantèlement obligatoire, fondations de 800 m3 de béton armé comprises (article L. 553-3 du Code de l’environnement, renforcé par l’arrêté du 22 juin 2020) ce qui pourrait placer le propriétaire en grande difficulté financière.

En guise de conclusion, il est sans doute important de rappeler que la CAVM a toujours été très claire quant à la protection de ses paysages, à l’image du rapport du SAGE de l’Escaut (Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux) qui dit : « Le territoire présente plusieurs ensembles paysagers comprenant des sites classés et inscrits… La menace concerne la banalisation du paysage voire sa possible destruction… C’est pourquoi, la préservation et la valorisation des paysages doivent prendre de l’ampleur (notamment au travers du programme Man & Biosphère) mais également dans le développement de l’attractivité et la promotion du territoire.»

Certains reprochent aux opposants de se dire pro-éoliens mais « pas dans mon jardin ». Chose à laquelle ils rétorquent : «Une éolienne de cette taille est visible à plus de 20 kms environ, ce qui fait, en terrain plat comme chez nous, un impact visuel sur une surface d’environ 1400 km2, soit 100x la superficie de Valenciennes ! Un sacré jardin ! »

Donc, vous l’aurez compris, pour les habitants, les éoliennes dans leur campagne, c’est non !