Handball – De la folie à la rigueur : Valenciennes a changé, pas ses rêves

Il y a des histoires qu’on croit uniques. Des épopées qu’on se dit impossibles à revivre. Mais au Valenciennes Handball, les miracles semblent avoir pris leurs habitudes. Un an après un quart de finale de Coupe de France déjà historique, les Red Swans sont de retour au même stade de la compétition. Un exploit ? Pas seulement. Une suite logique, presque. Car cette fois, ce n’est plus une surprise. C’est l’histoire d’un club en pleine transformation. Une histoire de passion, de travail, et d’acharnement.
À l’époque, ils étaient les “Possédés”. Cette saison, ils sont devenus les “Acharnés”. Moins spectaculaires peut-être, mais infiniment plus solides, organisés et ambitieux. Le VHB est en train d’écrire un nouveau chapitre de sa jeune histoire. Car oui, c’est bel et bien une histoire folle que vit ce club nordiste depuis deux saisons. L’année dernière, personne n’aurait misé un centime sur eux. Neuvième de Prénationale des Hauts-de-France, le VHB avait défié la logique pour s’inviter en quart de finale de Coupe de France. Le rêve s’était arrêté à Avranches face à l’AST Châteauneuf (31-23), futur finaliste. Mais plus que le score, c’est l’image du “Petit Poucet” habité, porté par une ferveur populaire unique, qui avait marqué les esprits. Près de 150 supporters avaient traversé la France, créant une marée rouge inoubliable.
Depuis, le décor a changé. Mais les ambitions, elles, sont restées intactes.
Du feu à la rigueur : les Possédés sont devenus des Acharnés
Cette saison, impossible de parler d’exploit improbable. Le Valenciennes Handball n’est plus un outsider venu de nulle part. Les Red Swans dominent leur championnat de Prénationale et caracolent en tête avec 5 points d’avance à 4 journées de la fin.
« L’an dernier, on était des fous furieux, des Possédés, on jouait sans calculer, sans pression, juste à l’énergie », se souvient Syran Ben Seddik, 25 ans, président du club. « Aujourd’hui, ce sont des Acharnés. Ce sont des mecs qui bossent, qui viennent à tous les entraînements, qui ont compris ce que ça demandait d’être performant chaque week-end. Moins fous peut-être, mais beaucoup plus travailleurs. C’est un autre Valenciennes Handball, mais avec le même cœur. »
À l’origine de cette évolution, un homme : Arnaud Walessa. 25 ans, pur produit du club, passé par les équipes jeunes, il a pris les rênes de l’équipe fanion en septembre 2024, succédant à Jérôme Rombaux, l’entraîneur historique. Un changement dans la continuité.
« Mon discours est simple », explique le coach. “On veut continuer de vivre des moments incroyables, mais sans se perdre. On garde les pieds sur terre. La Coupe de France, on la joue sans pression, pour le plaisir. Le vrai objectif, c’est le championnat. Mais si Bercy nous tend les bras, évidemment qu’on ira avec un immense sourire.”

Un groupe transformé, mais toujours aussi ambitieux
L’effectif, lui aussi, a connu une petite révolution. L’intersaison a été marquée par plusieurs mouvements significatifs :
Départs notables :
- Lucien Lantoine (ailier gauche, 20 ans) et Lilian Dollet (pivot, 22 ans) vers Billy-Montigny en Nationale 3.
- Willy Vizor (arrière droit, 21 ans) parti à Tournai en D1 belge.
- Matthieu Kuntz (gardien, 34 ans) et Benoît Rombaux (arrière droit, 37 ans) intégrant l’équipe réserve.
- Maxime Huchet (arrière/demi-centre, 22 ans) parti pour raisons professionnelles.
Arrivées stratégiques :
- Dorian Leroy (arrière gauche, 23 ans) en provenance du HBC Vieux Condé.
- Oliver Rodriguez (gardien, 29 ans) venant du Stella Saint Maur HB.
- David Lobry (pivot, 27 ans), ancien de l’USDK et de l’équipe de France espoirs.
- Matthias Lefebvre (ailier droit, 31 ans) de retour après deux saisons d’arrêt.
Mais la vraie force du VHB, c’est sa jeunesse dorée. Sacha Brissy, Jules Boulanger, Albéric Pouzin et Julien Drecq, tous nés en 2007, sont déjà des habitués des feuilles de match en seniors. Tous issus de la formation valenciennoise, sauf Drecq, dernier arrivé du Sambre Avesnois. Des gamins surclassés, jetés dans le grand bain avec confiance et réussite.
« On est fiers de ça », confie Célian Maginet, directeur sportif. « On est un club qui forme, qui fait grandir ses jeunes, mais aussi qui leur offre des opportunités au plus haut niveau. Le mélange avec les cadres fonctionne parfaitement. »
La Roche-sur-Yon, un nouveau défi
Dimanche 20 avril, Valenciennes va donc tenter de prolonger le rêve. Cap sur La Roche-sur-Yon pour y affronter la JA Isle Handball, quatrième de la Prénationale de Nouvelle-Aquitaine. Une formation portée par un joueur à surveiller de très près : Mehdi Hassene Daouadji, 22 ans, meilleur buteur du club et ancien pensionnaire du Limoges Hand 87.
En cas de victoire, les Red Swans joueraient leur demi-finale le même jour à 17h, face au vainqueur du duel entre le RACC Nantes, leader de Prénationale Pays de la Loire, et le SL Aubigny Moutiers Vendée Handball, 3ème du même championnat.
Valenciennes n’est plus un petit poucet. Mais le VHB reste un rêveur. Un club de passionnés, de travailleurs, d’acharnés.
À La Roche-sur-Yon, les Red Swans iront une fois de plus défier l’impossible. Parce qu’au fond, comme le dit si bien Arnaud Walessa : « On sait d’où on vient. On sait où on veut aller. Et tant qu’on ne nous dit pas que c’est terminé, on continuera d’y croire. »
Un programme costaud. Une journée marathon. Mais un défi taillé pour des Acharnés.

Les supporters encore au rendez-vous… à leur manière
Pas de bus cette année pour la Red Army, faute d’un coût trop important. Mais les fans n’ont pas renoncé pour autant. Ils seront plus de 50 à faire le déplacement en Vendée par leurs propres moyens : voiture, train, covoiturage… Rien n’arrête les supporters du VHB.
« C’est incroyable ce qu’il se passe autour du club », s’enthousiasme Syran Ben Seddik. « Certains ont posé des jours de congés, d’autres partent en famille. Il y a même des gens qui ont organisé leurs vacances en fonction du match ! C’est fou… ça dépasse le sport. C’est une magnifique histoire humaine. »
Les joueurs, eux, partiront en minibus samedi matin et logeront au CREPS de La Roche-sur-Yon tout le week-end. Une organisation déjà bien rodée, preuve que le club est prêt à grandir.
Au VHB, les rêves deviennent des objectifs, les ambitions deviennent un projet.
Car au fond, cette aventure en Coupe de France, aussi belle soit-elle, n’est que le reflet de quelque chose de plus grand qui se construit depuis plusieurs saisons à Valenciennes. Ce n’est plus seulement une équipe de handball qui surprend un dimanche en Coupe de France.C’est un club qui avance. Un club qui travaille. Un club qui se transforme.
Le VHB n’est plus ce petit club sympa du coin qui crée un exploit par hasard. Aujourd’hui, Valenciennes est devenu une vraie structure, portée par des idées, une ambition, et une vision à long terme.
Un projet qui s’incarne partout. Dans la qualité de la formation, avec des jeunes du cru qui frappent déjà à la porte de l’équipe première à à peine18 ans. Dans le recrutement malin et cohérent, entre cadres d’expérience et profils régionaux. Dans l’accompagnement de ses joueurs, de ses éducateurs, de ses bénévoles. Dans l’organisation des déplacements, des événements, dans la communication et l’image du club, qui a su fédérer bien au-delà du handball.
C’est un club où chaque détail compte. Un club où l’on prépare autant l’avenir que le prochain match. Un club où l’on pense aussi bien aux U11 du dimanche matin qu’aux SMA du samedi soir.
Comme le résume Syran Ben Seddik, président du club depuis 2020 :
“Oui, la Coupe de France nous fait rêver. Oui, jouer à Bercy, ça fait briller les yeux. Mais notre vraie fierté, c’est ce que devient le Valenciennes Handball au quotidien. C’est de voir des jeunes grandir chez nous. C’est de voir des bénévoles toujours plus investis. C’est d’avoir un club qui avance sereinement, avec une vraie identité. Parce qu’ici, au VHB, les rêves ne sont plus juste faits pour être rêvés. Ils sont faits pour devenir des objectifs. Et les ambitions, elles, sont faites pour devenir un projet.”
Un projet solide donc, structuré, humain et durable. La Coupe de France, c’est un chapitre magnifique. Mais le livre du Valenciennes Handball est bien plus épais. Et il ne fait que commencer à s’écrire.